La conspiration anti-Brown, ou comment se débarrasser de son leader

Peter Brookes / The Times

Peter Brookes / The Times

Au lendemain d’élections locales marquées par une large victoire conservatrice (qui préfigurerait celle à venir aux législatives?), Gordon Brown a remanié son cabinet, mais la fronde à son encontre ne diminue pas. Au contraire, les backbenchers (députés sans portefeuille ministériel) sont activement engagés dans une dynamique anti-Brown, faisant suite aux nombreuses démissions dans son cabinet (elles-mêmes à l’origine du remaniement).

Le Guardian propose une petite FAQ pour comprendre rapidement les enjeux de la situation actuelle.

Les paragraphes suivants permettent de bien saisir l’humeur des Travaillistes:

But a new poll of Labour activists brought further bad news for the prime minister, revealing that fewer than half of all party supporters want him to lead them into the next general election, with one in five urging him to quit now.

The poll of 800 party members carried out by YouGov for Channel 4 News found that one in three thought Labour stood no chance of winning a general election if Brown remained leader and 53% thought they would be better off if Tony Blair was still in Number 10.

On s’observe, on se demande qui y va, quand y aller, mais le « coup » est en train de se mettre en place. Les résultats des Européennes, dimanche, seront peut-être le signal du départ, mais ce serait peut-être prématuré. Et les « rebelles » ne sont peut-être pas (encore) assez nombreux pour pousser Brown à la démission. On saura lundi soir, au terme d’une réunion des députés travaillistes, si une pétition (qui doit compter 75 signatures) a été présentée.

Un autre article du Guardian permet de bien comprendre la réflexion des ‘rebelles’.

Si une attaque n’est finalement pas tentée lundi, il faudra attendre le projet de loi de privatisation partielle de Royal Mail qui pourrait être présenté en juin et devrait entraîner une levée de bouclier à gauche. La loi pourrait être votée uniquement grâce à l’appui des Conservateurs. Sauf s’ils retirent leur soutien pour faire chuter le Premier ministre. On peut aussi envisager une motion de défiance, comme en mars 1979, quand l’échec des référendums sur la dévolution avait entraîné le dépot par les nationalistes écossais mécontents d’une motion de défiance dont la principale bénéficiaire fut Margaret Thatcher. Un revers sur la Poste pourrait avoir les mêmes conséquences.

L’étape suivante est la convention annuelle (conference) du parti, fin septembre, avec l’élection du leader. On peut imaginer une candidature de contestation qui réunirait assez de soutien pour provoquer un deuxième tour de scrutin. On serait dans un scénario analogue à la fronde contre Margaret Thatcher en novembre 1990… ou la fronde contre Edward Heath en 1975, qui avait amené l’élection surprise de Margaret Thatcher comme leader du parti conservateur. En cas de retrait de Brown, on peut imaginer la candidature d’Alan Johnson comme homme du consensus, un peu à la manière de John Major, en attendant des législatives qui auront lieu d’ici à juin prochain et dont les Conservateurs devraient être les grands vainqueurs. Il faudra également observer le score des libéraux-démocrates, arrivés à la deuxième place lors du scrutin local, et probablement des européennes. Ils pourraient bien, au moins un temps, profiter de la mauvaise santé du parti travailliste pour devenir le principal parti d’opposition, sans pour autant avoir beaucoup gagné en voix.

Lauric Henneton

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