Archives de Catégorie: Société britannique

Carte: évolution géographique du chômage au Royaume-Uni

Suite à un billet du mois de mars, voici une version mise à jour – et toujours aussi parlante – de l’évolution géographique du chômage au Royaume-Uni.

L’occasion au passage de pointer vers un des billets les plus lus sur ce blog: « Le Royaume-Uni, principale victime de la crise économique » (20 janvier 2009)

Lauric Henneton

Billet de rentrée

Billet de rentrée ce week-end sur Ospoma avec quelques articles des semaines précédentes.

Pour les inconditionnels des sondages, la tendance de l’été est restée stable avec les Conservateurs toujours en tête avec une fourchette de 40-43%, les Travaillistes avec 24 à 28% et les Libéraux-Démocrates entre 17 et 21%. L’excellent blog UKPollingReport donne comme dernière moyenne 41-26-19, avec une projection de 88 sièges pour une nouvelle majorité tory.

Il est de plus en plus question, le jour de l’élection générale qui doit intervenir d’ici au printemps prochain, de doubler le scrutin législatif d’un référendum sur le mode de scrutin. Il s’agirait de demander aux électeurs s’ils veulent conserver le scrutin majoritaire actuel (first past the post), réputé injuste (quand on perd les élections en tout cas) ou s’ils veulent passer à un mode de scrutin partiellement proportionnel, destiné à refléter plus fidèlement le vote des électeurs.

Les Travaillistes s’engagent donc sur une voie plébiscitée par les Libéraux-Démocrates depuis des années; les Conservateurs, eux, sont opposés aux réformes proposées. Certains disent que le revirement des Travaillistes est dû à la certitude qu’ils vont perdre la prochaine élection et qu’ils essaient de s’attirer les faveurs des électeurs libéraux-démocrates. En effet, malgré les promesses de Tony Blair il y a plus de 10 ans, rien n’a été fait en la matière. (Voir le billet du 26 juillet dernier.)

Autre réforme promise de longue date par les Travaillistes et finalement peu avancée, la Réforme d’une Chambre des Lords présentée comme archaïque (mais qui s’en défend notamment sur YouTube). Les Lords ont perdu leur droit héréditaire à siéger à la Chambre haute et il ne reste que 92 aristocrates qui font la jonction. Les autres sont des membres nommés à vie par le pouvoir en place (life peers) généralement pour service rendu – idéalement au pays, parfois pourtant au Parti et à ses finances. Jack Straw, ministre de la justice, a annoncé fin août que la réforme pourrait prendre beaucoup plus longtemps qu’on le pensait.

Enfin, dernier point, au carrefour de la démographie et de la géographie, une enquête réalisée par Orange, et dont la méthodologie n’est pas forcément irréprochable, tendrait à montrer que les habitants des Midlands seraient particulièrement enclins à quitter leur région, surtout pour s’établir dans les comtés du sud-ouest de l’Angleterre ou de Londres. La possibilité du télétravail, rendue plus aisée par la généralisation (à venir) des connexions haut débit, accélèrerait cet exode. Reste que certaines personnes qui pratiquent déjà le télétravail expliquent que les grands mouvements de population qu’on avait annoncé n’ont finalement jamais eu lieu.

Lauric Henneton

Notes de frais, pauvreté, guerre

Une nouvelle affaire de notes de frais (expenses), révélée par le Daily Telegraph (droite), vient écorner l’image de probité de Gordon Brown et de ses ministres (article du Guardian, article de la BBC avec vidéo d’Harriet Harman qui s’explique comme elle peut).

Comme si ce n’était pas suffisant, on apprend que les inégalités n’ont jamais été aussi grandes (en tout cas depuis les années 1960), malgré douze ans de pouvoir travailliste et des déclarations ambitieuses de Blair qui voulait réduire de moitié la pauvreté infantile d’ici 2010 (aïe) et la supprimer d’ici 2020. Un article de l’Independent et un autre du Financial Times donnent plus de détails. Voilà qui démonte l’argument hostile à Margaret Thatcher selon lequel elle n’aurait pas su, ou voulu, réduire les inégalités, et que pendant son « règne » les pauvres étaient devenus plus pauvres et les riches plus riches. Un graphique, reproduit ci-dessous, montre que les inégalités se sont creusées également sous des gouvernement travaillistes, que ce soit dans les années 1970, ou depuis l’arrivée au pouvoir de Tony Blair en 1997.

Enfin, Simon Jenkins, dans sa chronique du Guardian, s’appuie sur des précédents historiques (notamment la Guerre des Malouines, ou Falkland, en 1982) pour conclure que seule une guerre, à ce stade, pourrait sauver Gordon Brown.

Lauric Henneton

Par saint Georges, où est la rébellion anglaise?

Photo: Martin Argles / Site du Guardian

Photo: Martin Argles / Site du Guardian

Avant une interruption d’une dizaine de jours, voici un article du Guardian sur la Saint-Georges (23 avril), fête nationale anglaise (et pas britannique), qui pose la question de l’identité anglaise au sein du Royaume-Uni, soulève quelques points constitutionnels et se lamente sur la passivité (consumériste) des Anglais d’aujourd’hui face au recul des libertés individuelles. Et ce malgré une solide expérience de contestation, voire de rébellion pure et simple. Extraits:

But England, like any nation, has many faces. And if there is an English tradition worth celebrating on this St George’s Day it is not our past triumphs in commerce or empire, but our tendency towards rebellion, dissent and resistance – a glorious tradition that, if we are not very careful, could soon be defunct, just as we need it most.

The English radical tradition can compete with that of any other nation. We, after all, killed our king before the French; we had our revolution before the Americans; and we fought against the invasion of the nation by a foreign king and his posse of robber barons before the Scottish.

Lauric Henneton

Brit.Pol.Briefing

Un article du Daily Telegraph relate que d’après un sociologue britannique, les inégalités sociales s’accroîtraient, malgré le voeu de Tony Blair d’atteindre une « société sans classes » (classless society). Les enfants des classes « ouvrières » sont toujours moins nombreux que ceux des classes moyennes à aller à l’université, par exemple.

Le Daily Express publie une enquête sur la confiance des Britanniques, notamment envers les politiques, en ces temps de scandales à répétition. Et c’est la Reine en qui ils font le plus confiance (avec une vidéo).

Le blog conservateur très influent ConservativeHome a mené une enquête intéressante auprès des rédactions des principaux quotidiens nationaux, pour savoir en faveur de qui ils se prononceraient lors de la prochaine campagne électorale. L’occasion de faire le point sur les positions politiques des organes de presse anglais.

Enfin, un long extrait d’un livre à paraître sur la Grande-Bretagne dans les années 1970, extrait consacré à la semaine de trois jours (« three-day week ») sous le gouvernement d’Edward Heath (1970-1974), et notamment pendant l’hiver 1973. Très bien documenté grâce à des extraits des journaux de l’époque, ce texte passionnant permet de mieux comprendre la vie des Britanniques pendant cette période troublée sur le « front » socio-politique. Ne vous laissez pas intidimider ou décourager par l’apparente longueur de l’article, ça se lit comme un roman.

L’article est accompagné d’un carnet photo qui permet d’encore mieux visualiser.

A telephonist works by torchlight at the start of the three day week, which was introduced at midnight on 31 December 1973 Photograph: /Hulton

A telephonist works by torchlight at the start of the three day week, which was introduced at midnight on 31 December 1973 Photograph: /Hulton

Lauric Henneton

Vidéo: Un thriller politique: La chute du gouvernement Callaghan (mars 1979)

James Callaghan

James Callaghan, la victime

BBC Parliament a diffusé il  y a quelques jours un documentaire très bien fait qui revient sur la chute du gouvernement travailliste de James Callaghan (1976-1979), en mars 1979, suite à une motion de censure des nationalistes écossais, dans le contexte social très tendu du ‘Winter of Discontent‘.  Ce documentaire d’une heure peut à présent être consulté en ligne, gratuitement.

De facture assez classique, il fait intervenir les protagonistes de l’époque (encore vivants), qui ont tous pris 30 ans (et ont presque tous été annoblis). Cependant, il permet de bien comprendre la situation générale du pays, notamment le contexte politique et social, et les différentes questions qui se télescopent (l’inflation, les revendications salariales, les grèves, la dévolution).

Le documentaire permet également de bien comprendre le fonctionnement du Parlement, et met en avant le rôle des ‘whips‘, charger de s’assurer que, lors des votes cruciaux où toutes les voix sont nécessaires, aucune défection ne sera à déplorer, lesquelles pourraient, dans certains cas, faire chuter le gouvernement.

Ici, l’histoire est bien connue (mais la narration est habile): on savait que l’issue du vote ne tiendrait qu’à un fil, ou plutôt une voix, et c’est ce qui s’est passé. La Chambre des Communes, par 311 voix contre 310, n’a pas accordé sa confiance au gouvernement Callaghan, qui a dû démissionner et provoquer des élections législatives au début du mois de mai. C’est à l’issue de ce scrutin que Margaret Thatcher, leader du Parti conservateur depuis 1975, est devenue Premier ministre.

A la suite, il y a une vidéo de George Cunningham, député travailliste écossais à l’origine de l’amendement qui stipulait que 40% de l’électorat (inscrit) écossais devait approuver le projet de dévolution pour que la loi votée l’année précédente soit appliquée. Une majorité simple ne suffisait pas, et c’est ce qui s’est passé: 51% de « oui » mais pas assez de votants. C’est à l’issue de cet échec, début mai, que le Scottish National Party (SNP) a déposé une motion de censure (vote of no confidence) contre le gouvernement Callaghan.

Dans son discours, le soir du vote (28/03/1979), Callaghan a dénoncé l’alliance contre-nature qui s’opposait à son gouvernement: les Conservateurs opposés à une dévolution qui signifiait pour eux le démantèlement de l’Union, un SNP qui voyait dans la dévolution un premier pas vers l’Indépendance de l’Ecosse, et les Libéraux, qui étaient favorables à la dévolution.

Lauric Henneton

Chambre des Communes, Westminster

Chambre des Communes, Westminster: le lieu du crime

Carte: évolution du chômage au Royaume-Uni

Le nombre de chômeurs a dépassé les 2 millions aujourd’hui, outre-Manche.

Le site de la BBC propose une carte interactive qui montre l’évolution du chômage au Royaume-Uni depuis septembre 2008. Très bien faite et très parlante, elle montre la rapide dégradation de la situation.

Lauric Henneton

Brit.Pol briefing

Dans les colonnes du Times, Peter Riddell s’interroge sur la place du Royaume-Uni dans l’Europe, alors que David Cameron a annoncé vouloir faire sortir le Parti conservateur du PPE (Parti Populaire Européen, centre-droit, dont fait partie l’UMP de Nicolas Sarkozy, la CDU d’Angela Merkel et Forza Italia de Silvio Berlusconi – sans oublier le parti de Manuel Barroso). Se posent également les questions de l’Euro, en temps de crise, et du Traité de Lisbonne: la position des Conservateurs, notamment de William Hague, est tout sauf claire sur le sujet.

Anthony Wells, pour l’excellent UK Polling Report, revient sur l’évolution des partis au pouvoir, en Grande-Bretagne, à l’approche d’une élection générale. A l’aide de graphiques très révélateurs, il montre que, contrairement à une idée reçue qui circule beaucoup en ce moment, il n’est pas vrai que le parti au pouvoir remonte dans la dernière partie de son mandat.

UK Polling Report

Source: UK Polling Report

Steve Richards, dans une chronique de The Independent, s’interroge également sur l’issue de la prochaine élection, au printemps 2010 et notamment sur l’hypothèse d’un « hung parliament« , où aucun des trois principaux partis ne serait majoritaire en sièges, comme ce fut le cas en 1974, année où eurent lieu deux élections, en février et octobre, dont les Travaillistes sortirent en tête, mais de très peu, et sans majorité (Harold Wilson, Premier ministre de 1964 à 1970, reprit du service pendant deux ans avant de laisser sa place à James Callaghan entre 1976 et 1979). Pour un certain nombre d’observateurs, un « hung parliament » n’est pas à exclure, en dépit des sondages, et c’est alors le troisième parti qui donnerait au parti arrivé en tête le nombre de sièges nécessaires pour obtenir une majorité. Ici ce sont les Libéraux-démocrates, et ils ne sont pas enthousiastes à l’idée de soutenir les Conservateurs (euphémisme). Richards expliquent que l’on murmure en coulisse que des discussions auraient lieu entre les Libéraux-démocrates et les Travaillistes, mais au-delà des dirigeants du parti, il faut que la base accepte de soutenir la majorité sortante – si d’aventure elle arrivait en tête mais sans majorité. Bref, beaucoup d’inconnues pour cette équation électorale dont le point de départ est la mauvaise position actuelle des Conservateurs non pas dans les sondages (elle est assez bonne) mais en terme de sièges à conquérir, à partir d’une base, actuelle, assez basse, à la suite des revers électoraux de 1997, 2001 et 2005. Malgré des sondages qui donnent régulièrement entre 10 et 15 points d’avance aux Conservateurs, il semble difficile de conquérir suffisamment de sièges pour disposer d’une majorité tout court, sans parler d’une majorité confortable.

I am still sceptical about the next election leading to a hung parliament. The close results in 1974 are the exception to the normal pattern. Nonetheless the arguments are starting to pile up in favour of an indecisive outcome. The Conservatives need to win a 1997 type swing in reverse to secure a majority. Currently they have fewer seats than Labour won under Michael Foot in 1983. The distribution of seats continues to favour Labour. The Liberal Democrats tend to perform well in the seats they already hold and will be hard for the Conservatives to remove.

La BBC annonce pour sa part que les présidents d’universités britanniques (en réalité les vice-chancellors) demandent une hausse du plafond des droits d’inscription, voire, pour certains, leur disparition pure et simple. Rappelons que les plafonds en questions avaient été relevés à £3,000 en 2004 (mis en place à la rentrée 2006). (Voir la chronologie de la BBC).

Enfin, un ancien maire d’Oxford relance le débat sur la monarchie, qu’il voudrait voir disparaître au profit d’une république. Les arguments sont classiques: une monarchie, surtout héréditaire, est archaïque et contraire à la démocratie (puisque la Reine a bien des pouvoirs constitutionnels) et qu’elle coûte cher, surtout en cette période de crise (£40m par an, soit, d’après un calcul rapide fait par l’Oxford Mail, 66p par habitant et par an).

Lauric Henneton

La grève des mineurs, 25 ans après

It was summer 1984 and the miners strike witnessed some of its most violent scenes as battle lines were drawn between the police and pickets at the Orgreave coking plant near Sheffield, South Yorkshire. 	Photo Don McPhee@Guardian

'It was summer 1984 and the miners' strike witnessed some of its most violent scenes as battle lines were drawn between the police and pickets at the Orgreave coking plant near Sheffield, South Yorkshire.' Photo Don McPhee@Guardian

La grève des mineurs de 1984-1985, qui dura un an, a commencé il y a un quart de siècle. Alors que dix ans plus tôt se terminait une autre grève des mineurs, qui devait emporter le gouvernement (conservateur) d’Edward Heath.

A l’occasion de ce quart de siècle, le Guardian publie une tribune du leader syndical Arthur Scargill, qui accuse Margaret Thatcher d’avoir refusé des compromis qui auraient mit un terme à la grève plus tôt. Mais le même quotidien, sans pour autant défendre la Dame de fer, publie également un éditorial bien senti qui renvoie Scargill dans les cordes.

Le Guardian publie aussi des témoignages d’acteurs de l’époque, et l’antenne « South Yorkshire » de la BBC dispose d’un petit site spécial sur la grève, avec différentes ressources.

BB1, 23 mars 1984

Lauric Henneton

MEMO: L’héritage thatchérien (+vidéo sur la Chambre des Lords)

Bientôt 30 ans après l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher, et 18 ans (presque jour pour jour) après sa « chute » (22 novembre 1990), Thatcher est toujours d’actualité à plusieurs égards.

En 1999, un éditorial du Guardian titrait « Thatcher’s Legacy » et voyait (déjà) Blair comme l’héritier (paradoxal) de Thatcher, et non comme son pourfendeur.

Depuis, un certain nombre d’observateurs ont écrit sur le sujet, comme Nick Assinder de la BBC en 2004 (« Are we all Thatcher’s children now?« ) et en 2005, où on voit poindre David Cameron, pas encore leader du Parti conservateur (« Why Thatcher still looms over politics« ).

Ces articles évoquent évidemment ce que Thatcher a accompli pendant ses 11 ans et demi au 10 Downing Street. Une autre façon de se rendre compte de l’évolution de la société pendant les années 80, qui sont aussi par la force des choses les « années Thatcher »: une série de graphiques très simples mais très instructifs de la BBC.

Très instructif encore (notamment pour se rendre compte à la fois de ce que « donnait » Thatcher comme oratrice, mais aussi du fonctionnement de la Chambre des Communes), une vidéo du 30 octobre 1990, soit trois semaines avant la « chute » (démission) de Thatcher, non pas à cause d’une élection perdue, mais à cause d’un désaccord interne au Parti conservateur sur l’Europe.

Thatcher’s hostility to a federal Europe led to Geoffrey Howe resigning from the Government on 1 November and to his fellow federalist Michael Heseltine’s bid for the Tory leadership which brought down Thatcher on 22 November.

As Howe later said: « I wanted to change the policies, not the leader. But if that meant the leader had to go, then so it had to be ». After the Rome Council a French official was asked whether it had failed. He answered: « On the contrary, the Council had been an outstanding success, since it had re-established an eleven-to-one situation in the Community and destabilised Thatcher at home ».

Autre vidéo, pour rester sur le fonctionnement du Parlement et pour rebondir sur le précédent « Memo » (très consulté) sur la réforme de la Chambre des Lords. Avec cette vidéo (faite par et pour le site du Parlement), on se rend mieux compte à la fois de qui sont ces fameux Lords (et Ladies), de leur diversité, de la conception qu’ils ont de leur rôle, mais également de la perception (parfois très floue) qu’en ont des Britanniques « moyens ».

Lauric Henneton